Entrevue avec SEM Ben Marc Diendéré : Un bâtisseur de ponts entre le Canada et l’Afrique – Promoteur de partenariats économiques

Lisez cette entrevue exclusive avec l'ambassadeur Ben Marc Diendéré sur les partenariats économiques Canada-Afrique, l'innovation et le leadership diasporique qui construit des ponts entre les continents. Un témoignage inspirant sur les relations entre le Canada et l'Afrique.

11/17/20258 min temps de lecture

Points clés

  • Qui est Ben Marc Diendéré? Ben Marc Diendéré est l'Envoyé spécial du Canada pour l'Afrique et Observateur permanent auprès de l'Union africaine à Addis-Abeba. Canadien-Burkinabé, il a occupé des postes de direction chez VIA Rail Canada et Sollio Groupe Coopératif, et préside actuellement UNICEF Canada.

  • Quels secteurs sont prioritaires pour les partenariats Canada-Afrique? Les secteurs stratégiques incluent l'agritech, l'énergie verte, les services numériques, l'exploitation minière et l'industrie de la défense, alignés avec les priorités africaines et l'expertise canadienne.

  • Pourquoi la jeunesse africaine est-elle importante? Plus de 60% de la population africaine a moins de 25 ans, représentant une opportunité majeure pour l'innovation, l'entrepreneuriat et le développement économique durable du continent.

L’ambassadeur Ben Marc Diendéré est un éminent cadre canado-burkinabé, actuellement Envoyé spécial du Canada pour l’Afrique et Observateur permanent auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Dans ce rôle clé, il œuvre à renforcer les liens diplomatiques et économiques entre le Canada et le continent africain, en mettant à profit sa vaste expérience dans les secteurs public et privé.

La carrière de l’ambassadeur Ben Marc Diendéré se démarque par une compréhension profonde des communications stratégiques, des affaires publiques et de la gestion de marque, conjuguée à un sens aigu des affaires. Avant sa nomination diplomatique, il a occupé des postes de direction importants, soulignant son approche des affaires et son impact.

De 2020 à 2022, il a occupé le poste de Chef des affaires publiques et des communications chez VIA Rail Canada, où il était responsable de l'orientation stratégique et de l'exécution des communications internes et externes, des affaires publiques, des relations avec les médias et des relations gouvernementales et avec les parties prenantes.

Son mandat englobait également l'accessibilité universelle, le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises, démontrant son approche holistique des affaires et de l'impact sociétal.

Avant VIA Rail, le leadership en affaires de l’ambassadeur Ben Marc Diendéré s'est manifesté lors de son mandat en tant que Vice-président principal des communications, des affaires publiques et de la gestion de marque chez Sollio Groupe Coopératif (anciennement La Coop fédérée) de 2011 à 2019.

Il y a joué un rôle crucial dans le façonnement de la marque et de l'image publique de l'une des plus grandes coopératives agroalimentaires du Canada.

En outre, il a perfectionné son expertise en stratégie d'entreprise et en relations publiques en tant que Directeur principal des relations institutionnelles et des affaires publiques corporatives chez Quebecor Média de 2005 à 2011.

Au-delà de ses rôles professionnels et diplomatiques, l’ambassadeur Ben Marc Diendéré est profondément engagé dans le développement communautaire et économique.

Il a siégé à de nombreux conseils d'administration, notamment en tant que Président d'UNICEF Canada (depuis 2022) et du Conseil des arts de Montréal (depuis 2020), témoignant de son dévouement à favoriser la croissance et l'inclusion dans divers secteurs.

Sa carrière multifacette et son rôle d’ambassadeur actuel le positionnent comme une figure clé dans la promotion d'initiatives commerciales et de développement mutuellement bénéfiques entre le Canada et l'Afrique.

Entrevue

1. Le rôle de la technologie et de la transformation numérique

La technologie et la transformation numérique sont des catalyseurs puissants du développement inclusif et durable, et elles sont au cœur du succès de la Stratégie du Canada pour l'Afrique.

En éducation, les plateformes numériques peuvent considérablement élargir l'accès à l'apprentissage pour les jeunes des communautés éloignées ou mal desservies.

En santé, la télémédecine et les dossiers de santé numériques peuvent renforcer les systèmes, améliorer la prestation et soutenir l'intervention précoce, même dans les régions dotées d'infrastructures limitées.

En ce qui concerne la diversification économique, les outils numériques peuvent ouvrir de nouveaux marchés et accélérer la croissance de l'écosystème entrepreneurial africain.

De la fintech à l'agritech, nous assistons à une vague d'innovation africaine. Le Canada pourrait être un partenaire en co-innovation—non seulement en transférant la technologie, mais en soutenant le renforcement des capacités locales, la littératie numérique et les cadres réglementaires qui favorisent une croissance numérique responsable. Notre collaboration devrait se concentrer sur l'équité, l'inclusion et la durabilité pour garantir que personne ne soit laissé pour compte.

2. Mobiliser l'investissement du secteur privé et favoriser l'innovation

Dans mon rôle d'Envoyé spécial, j'ai eu l'opportunité de constater la présence déjà significative des entreprises canadiennes à travers le continent africain.

Il est essentiel de dissiper le mythe selon lequel le Canada est complètement absent des affaires en Afrique, un continent composé de 54 pays.

Au Cap, lors du Sommet sur l'énergie, j'ai dirigé une délégation de 19 entreprises canadiennes. À Alger, lors de l'Assemblée de l'IATF, 16 entreprises canadiennes étaient présentes.

Au Ghana, lors du Forum d'investissement de la diaspora, une dizaine d'entreprises canadiennes ont participé.

Nous devons commencer par soutenir ceux qui sont déjà là.

En valorisant et en renforçant cette base existante, nous pouvons élargir et approfondir l'engagement économique du Canada en Afrique.

Mobiliser l'investissement du secteur privé dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l'Afrique nécessite un équilibre entre vision et pragmatisme.

Pour débloquer des partenariats économiques percutants, le Canada doit créer un environnement favorable qui réduit les risques d'investissement dans les secteurs émergents et stratégiques tels que l'agroalimentaire, l'énergie verte, les services numériques, les mines et l'industrie de la défense.

Ces secteurs s'harmonisent avec les priorités de l'Afrique tout en s’appuyant sur l'expertise unique et les forces industrielles du Canada. Voici une sectorielle.

Se concentrer sur les régions démontrant :

  • Des environnements réglementaires progressifs

  • Des marchés en expansion et le développement des infrastructures

  • Des liens diplomatiques et commerciaux établis avec le Canada

Modèles de réduction des risques et de partenariat : Attirer les capitaux nécessite d'élargir l'utilisation de :

  • Mécanismes de financement mixte (via FinDev Canada, Exportation et développement Canada, CRDI)

  • Partenariats public-privé (PPP) avec des cadres de partage des risques et des voies réglementaires claires

  • Assistance technique et renforcement des capacités pour soutenir la réforme réglementaire et la préparation des projets

  • Partenariat avec les États du Golfe et les pays émergents tels que la Türkiye, l'Inde, l'Indonésie

Bâtir des écosystèmes d'innovation : Le Canada peut favoriser de manière unique les liens d'innovation par :

  • Des laboratoires d'innovation conjoints en agritech, cleantech, IA, technologie minière et solutions de défense

  • Des accélérateurs d'entreprises et des incubateurs reliant les entrepreneurs et les startups canadiens et africains

  • Des programmes d'échange de connaissances reliant les chercheurs, les universités et les pôles industriels

Cette approche met l'accent sur la co-création, le partage des connaissances et l'évolutivité plutôt que sur un transfert de technologie à sens unique.

Ayant travaillé dans des rôles de leadership tant publics que privés, j'ai été témoin de première main de la façon dont l'alignement des incitatifs commerciaux avec les objectifs de développement à long terme génère un impact durable et évolutif. La Stratégie du Canada pour l'Afrique doit promouvoir ces partenariats gagnant-gagnant, où l'innovation, l'investissement et les résultats de développement se renforcent mutuellement.

3. Favoriser l'engagement et le leadership des jeunes

L'engagement des jeunes n'est pas seulement important—il est impératif. Plus de 60 % de la population africaine a moins de 25 ans. Ce n'est pas un défi ; c'est une opportunité incroyable. Dans le cadre de la Stratégie du Canada pour l'Afrique, nous priorisons les initiatives qui amplifient les voix des jeunes, soutiennent l'innovation menée par les jeunes et renforcent les capacités de leadership.

Mon approche consiste à créer des plateformes où les jeunes ne sont pas seulement bénéficiaires de programmes mais sont co-concepteurs et décideurs. Cela comprend le soutien à la formation professionnelle dans les secteurs à forte demande, l'investissement dans l'entrepreneuriat des jeunes et une plus grande inclusion des jeunes leaders dans les dialogues politiques entre le Canada et les nations africaines. Autonomiser les jeunes aujourd'hui signifie sécuriser l'avenir de nos partenariats demain.

4. Qualités nécessaires pour les leaders de la diaspora africaine aujourd'hui

Les leaders de la diaspora sont particulièrement bien placés pour agir comme ponts culturels, économiques et diplomatiques. Mais ce rôle exige plus qu'une simple compétence professionnelle—il requiert :

  • L'adaptabilité pour naviguer dans de multiples contextes et des réalités mondiales changeantes;

  • L'empathie pour établir des relations authentiques à travers les communautés;

  • L'intégrité et l'humilité, surtout lors de l'engagement dans le développement international et la diplomatie;

  • Une pensée visionnaire, car le leadership aujourd'hui ne consiste pas seulement à résoudre les problèmes d'aujourd'hui mais à façonner les possibilités de demain;

  • Sortir de la diaspora politique.

Les leaders de la diaspora doivent également rester profondément connectés à leurs racines tout en étant ouverts à l'apprentissage et à la contribution à leurs sociétés d'accueil. De cette façon, ils deviennent de véritables catalyseurs de changement inclusif et transformateur.

5. Valeurs directrices dans mon parcours du Burkina Faso au Canada

Mon parcours—du Burkina Faso à devenir fonctionnaire et chef d'entreprise au Canada—a été ancré dans quelques valeurs fondamentales : la résilience, l'intégrité, l'empathie, la créativité, le service et la curiosité.

La résilience m'a aidé à surmonter les obstacles et à m'adapter à de nouveaux environnements. L'intégrité a assuré que je reste fidèle à mon but et à mes principes, même dans les moments d'incertitude. L'empathie m'a permis de diriger avec compassion, d'écouter profondément et de construire des connexions significatives à travers les cultures et les secteurs. La créativité a été essentielle pour trouver des solutions innovantes dans des situations complexes—que ce soit en stratégie d'entreprise, en diplomatie ou en engagement social.

Le service a toujours été au cœur de mon leadership—me motivant à contribuer à quelque chose de plus grand que moi-même. Et la curiosité continue de me pousser à apprendre, à grandir et à élargir ma compréhension du monde.

Ces valeurs façonnent non seulement la façon dont je dirige, mais aussi la façon dont je m'engage—avec humilité, avec ouverture et avec un engagement profond à construire des ponts qui créent un impact durable et inclusif entre le Canada et l'Afrique.

« L'un de mes penseurs préférés, Boucar Diouf, qui est Québécois d'origine sénégalaise, a dit une citation que j'aime vraiment…

Entre mes racines africaines et mon feuillage québécois se dresse mon tronc sénégalais.

Je peux dire la même chose…

Entre mes racines africaines et mon feuillage canadien se dresse mon tronc burkinabè. »